Stop à l'Hybridation des chats

STOP À L'HYBRIDATION DES CHATS

Jusqu'à présent, les États-Unis d'Amérique étaient parmi les plus touchés par ce problème, mais la France n'est aujourd'hui plus exempte de chats hybrides... L'association Tonga Terre d'Accueil rejoint la lutte des sanctuaires et refuges des USA contre l'hybridation des chats avec des espèces sauvages comme le Serval ou le Caracal. Animaux spécifiques, comportements différents, menaces pour la biodiversité, accentuation du trafic... Découvrez pourquoi nous désapprouvons totalement les hybridations.

QU'EST-CE QU'UN HYBRIDE ? Un hybride est un individu issu du croisement de deux espèces différentes. L’hybridation qui nous préoccupe est celle réalisée en croisant un animal d'espèces sauvages (Serval, Caracal, Chat de Geoffroy, Chat léopard asiatique...) avec un chat domestique, pour créer de nouvelles races comme le Savannah, le Caracat, le Safari...
Le chat Savannah est une race créée dans les années 1980-1990 aux USA suite au croisement d'un chat domestique avec un Serval. Les individus à partir de la 5ème génération issue de ce couple sont considérés comme chat domestique et leur possession est libre. La race est autorisée par le LOOF (Livre Officiel des Origines Félines) depuis une quinzaine d'année en France. Cette envie d'exotisme est une exagération humaine de plus, avant tout créée pour le faire du profit ; le but étant clairement commercial : proposer un grand chat « exotique » pour satisfaire les envies humaines !

Des individus domestiques, vraiment ?

Les premières générations de Savannah issues du croisement entre un Serval et un chat domestique sont interdites à la détention en France en raison de la trop grande proximité avec le comportement du Serval. Dire que les générations suivantes sont domestiques est un non-sens. Qu'il s'agisse du chien ou du chat, la domestication ne s'est pas faite en quelques générations mais en plus de 4000 ans.
La vente d'une race hybride comme le Savannah s'avère surtout beaucoup plus motivante pour les élevages que celle de chats de races classiques : le Savannah se vend entre 2.000 et 20.000 euros contre quelques centaines d’euros pour les autres races de chats. Un élevage avant tout à but lucratif dont l'éthique est très discutable.

LE COMPORTEMENT
Les hybrides ont un comportement inadapté à la vie domestique. En plus d'être très destructeurs, ils marquent instinctivement leur territoire au dam des propriétaires pas toujours préparés à ces odeurs. C'est un animal qui a un comportement sauvage, qui a besoin d'espace, de nombreuses stimulations et qui, malgré son attachement à l'humain, peut avoir un caractère prononcé. Mettre dans une maison un animal qui a besoin d'un espace quasi-similaire à celui du serval est une absurdité.

LA SANTÉ
Le croisement chat-Serval étant une aberration génétique, comme peut l'être un croisement lion-tigre ; les individus ont de nombreuse tares. Une preuve, s'il en fallait, que ce cocktail génétique n'est pas naturel : les mâles Savannah des premières générations sont stériles. Ces individus, considérés comme inutiles, peuvent être abandonnés, vendus ou pire encore. C'est aussi le cas des individus qui ne plaisent pas ou qui n'ont pas un physique qui plaît, car ce croisement est aussi aléatoire.
Les chats Savannah peuvent avoir des problèmes de santé anormaux comme des infections des voies respiratoires, des maladies des voies urinaires, des troubles du côlon...

L'IMPACT SUR LA BIODIVERSITÉ
Le chat domestique faisant déjà beaucoup de dégâts sur la faune locale (oiseaux, reptiles...), le Savannah pourrait encore plus impacter la biodiversité car il s'agit d'un grand chat à l'instinct de chasse encore plus développé que celui de chat domestique... Il est donc très risqué de répandre des gènes de Serval dans la nature. A cela s'ajoute le risque de prélèvements de Servals dans le milieu naturel afin d'alimenter ce trafic grandissant. Trafic de Servals dont nous ne voyons que la partie émergée, ce qui est d'autant plus préoccupant.

LE TRAFIC DE SERVAL EXPLOSE
Depuis fin 2021, notre refuge est sollicité chaque semaine par les autorités pour prendre en charge des Servals détenus illégalement par des particuliers. Malheureusement, notre capacité d'accueil n'est pas infinie et nous devons refuser de prendre en charge des animaux. La dizaine de Servals qui nous a été confiée en 6 mois seulement sont TOUS identifiés en tant que race Savannah. Les trafiquants jouent sur la légalité du Savannah pour vendre des Servals purs, pourtant interdits à la détention en France. Le trafic peut venir à la fois de France, mais aussi de l'étranger. Des Servals, souvent jeunes, passent les frontières sans grande difficulté du fait de leur ressemblance avec de jeunes Savannah.
Le Caracal fait lui aussi l'objet d'un trafic préoccupant, notamment à cause de la race dérivée (le Caracat), créée il y a quelques années en Russie. Le Caracat n'est pas autorisé en France (une très bonne chose).

SUJET À DÉBAT
Les hybrides, le Savannah notamment, font débat dans de nombreux pays. La race est notamment interdite en Australie pour le risque environnemental qu'elle pose. Ce pays a, en effet, appris des erreurs passées avec l'introduction du rat, du lapin, du chat qui a complètement bouleversé l'écosystème australien et déjà fait disparaître de nombreux reptiles et oiseaux. La ville de Bruxelles a également interdit le Savannah à cause de son comportement inadapté à la vie domestique et citadine. La Grande-Bretagne envisage d'interdire le Savannah en raison du risque lié au trafic d'animaux exotiques.

En bref :



• Le Savannah a été créé uniquement dans un but lucratif
• Ce croisement non naturel n'a pas lieu d'exister et pose de nombreux problèmes génétiques
• Le savannah est trop proche du Serval, en taille et en comportement, et possède un instinct incompatible avec la vie domestique
• La race pose un problème environnemental avec les gènes de Serval qu'elle pourrait transmettre aux chats domestiques/errants
• Il y a suffisamment de races de chats pour satisfaire toutes les envies sans avoir à en créer à partir d’une espèce sauvage protégée
• Cette race est un tremplin pour les trafiquants qui introduisent sur le marché des Servals purs
• Valorise la détention d'animaux toujours plus exotiques et sauvages




Conclusion : Arrêtons de vouloir toujours plus exotique !

Il est impératif de réduire la demande d'exotisme et de ne plus la favoriser, pourquoi ? Elle est le point de départ de toutes les dérives du trafic d'animaux et de la détention d'animaux sauvages (et on ne parle pas que des félins, cela s'applique aussi pour les oiseaux, les reptiles ou même les canidés). L'humain cherchera toujours à renchérir et à vouloir plus. Avoir un bout d'exotisme chez soi, dominer la nature n'est pas nouveau dans l'humanité, les sociétés ont toujours voulu leur propre collection d'animaux pour impressionner... Aujourd'hui c'est pour impressionner sur les réseaux sociaux. Alors oui, il faut mettre des limites.
Si les servals ou caracals ne sont heureusement pas prélevés dans la nature, ce n'est pas le cas des oiseaux ou des reptiles... Donc oui, la demande d'exotisme ne doit plus être alimentée !

Notre but n'est pas de nous battre contre une poignée d'éleveurs qui ont peur de perdre leur business, mais de lutter contre un phénomène plus large qu'est cette surenchère d'exotisme. Surenchère, consciemment ou inconsciemment cautionnée et encouragée par les éleveurs malheureusement, qui vont logiquement préférer vendre un chat à 5000€ plutôt qu'une race à 'seulement' 1000€ et faire la promo de cet exotisme. Mais le business de quelques-uns est largement dépassé par des sujets beaucoup plus préoccupants aujourd'hui. L'éthique de ce commerce et l'impact que cela a sur le trafic et sur la biodiversité doivent faire l'objet de sérieuses discussions avec de nombreux acteurs de la conservation.